a box is a box is a box

8 janvier - 12 février 2011


4 Taxis

  a box is a box is a box

une exposition en 4 volets autour de 4 boîtes contenant des multiples d'artistes et un texte de Pierre Dourthe.

#1 Seven objects in a box, Tanglewood Press, New York, 1969 David Bradshaw, Eva Hesse, Stephen Kaltenbach, Bruce Nauman, Alan Saret, Richard Serra, Keith Sonnier

8.01-14.01

#2 Cargo Culte, Ecole Nationale Supérieure d'Arts Paris - Cergy, 2010 Carlotta Bailly-Borg, Guillaume Constantin, Lauren Coullard, Amélie Deschamps, Ann Guillaume, Giulia Grossmann, Mathieu Larnaudie, Aurélien Mole, Guillaume Pilet, Antoine Trapp et Benjamin Valenza. Coordination du projet éditorial : Tiphanie Blanc Chateigné et Axelle Blanc

15.01-21.01

#3 DO-IT-YOURSELF, I.C. Editions, New York, 1993 Jessica Diamond, Sol LeWitt, Lawrence Weiner

22.01-28.01

#4 Image Junky, HEAD, Genève, 2010 Leila Amacker, Emmanuelle Antille, Estelle Balet, Jérémie Baud, Francis Baudevin, Céline Burnand, Valentin Carron, Marylaure Décurnex, Sylvie Fleury, Le Freistilmuseum, Jérémie Gindre, Nelly Haliti, Pablo Hurtado, François Kohler, Beat Lippert, Jelena Martinovic, Damián Navarro, Denis Savary, Bruno Serralongue et Claude-Hubert Tatot.

29.01-12.02

 

 

Grammar is not as Grammar.

 

On assiste, à la fin des années soixante, au désir de l’effondrement – sans drame – du vocabulaire de l’art, à l’élaboration d’un lexique inédit, à la mise en œuvre de nouvelles représentations et, immédiatement, de leur survivance, au déplacement de limites fixées à l’art et à son exposition. Pour que l’œuvre ne se démasque plus comme auxiliaire de l’esthétique, les artistes minimalistes promeuvent une critique du formalisme en neutralisant l’autorité de la composition et en annihilant la teneur spirituelle de l’œuvre d’art supposée être toujours présente. Dans cette perspective, les artistes conceptuels ont déplacé la scène du crime par une tentative de dématérialisation de l’objet, en accordant une prééminence au langage.

 

Seven Objects in a Box synthétise une période d’intenses formulations théoriques, d’expérimentations et de débats, à la croisée des courants minimal et conceptuel. L’exposition Primary Structures, organisée en 1966 au Jewish Museum de New York, a déjà consacré le courant minimal. La même année, Lucy Lippard montre avec Eccentric Abstraction des œuvres de Hesse, Nauman et Sonnier. Plusieurs approches théoriques originales sont présentées au cours de l’été 1967 dans le numéro thématique d’Artforum, American Sculpture, qui est le lieu d’une controverse mémorable entre Michael Fried (« Art and Objecthood ») et Robert Smithson. La période se clôt, momentanément, avec l’exposition Information proposée au MOMA au cours de l’été 1970, qui marque la reconnaissance institutionnelle de l’art conceptuel.

Il est toutefois possible d’inscrire l’édition en 1969 de Seven Objects dans la perspective d’initiatives d’un autre type, qui s’inscrivent librement dans le mouvement plus vaste de la critique institutionnelle et qui instaurent des rapports nouveaux entre artistes, artistes et critiques, artistes et marchands, et permettent une transformation de la pratique de l’exposition. Après sa rencontre en 1968 avec le Groupe de Rosario, en Argentine, Lippard tentera d’organiser une « suitcase exhibition », qui permettrait de montrer des œuvres dans divers lieux, mais qui donnerait aussi la possibilité de partager des idées sur l’art, idées qui ne diffèreraient pas de l’art même. De son côté, Seth Siegelaub instaure une pratique différente de l’exposition et de la publication, renouvelant par-là même, et pour un temps seulement, le rapport entre le marchand et l’artiste. Sa stratégie pour s’émanciper des contraintes du monde de l’art de l’époque et le désir d’offrir de nouvelles propositions artistiques trouvent une illustration avec une exposition personnelle de Douglas Huebler, en novembre 1968, pour laquelle le catalogue tient lieu d’exposition pour la première fois. Siegelaub renouvelle l’expérience, sur un registre plus vaste, avec son exposition July, August, September 1969, à laquelle contribuent onze artistes en produisant une œuvre dans divers lieux en Europe, aux Etats-Unis et en Amérique centrale. Dans l’impossibilité où l’on se trouve de visiter l’exposition d’une manière classique, le catalogue sert à la fois de guide et de description des pièces. Il fait alors office d’exposition.

 

Dans ce contexte, Rosa Esman édite pour le compte de Tanglewood Press Seven Objects in a Box. Elle commissionne sept artistes, qui produisent chacun un multiple. L’œuvre d’Eva Hesse, Enclosed, est parmi les plus significatives, en cela qu’elle permet de faire un lien avec une boîte produite par le même éditeur en 1966, Seven Objects in a Box (Pop Box). Celle-ci contient en effet une Baked Potato de Claes Oldendurg, motif qui a retenu l’attention de Hesse depuis les premières expériences du sculpteur. Oldenburg développe des versions en matériau rigide de ses sculptures molles d’objets ordinaires, en particulier en plâtre, et c’est sous cette forme que l’objet se présente dans la Pop Box. Enclosed n’est pas une pièce de plâtre, matériau pourtant privilégié par Hesse pour la facilité de son façonnage, mais elle est constituée d’une bande de gaze trempée dans une solution de caoutchouc liquide qui enveloppe un ballon. Le latex sert ici de moulage, mais Hesse détournera souvent le matériau de cette fonction pour l’utiliser sans opération, tout comme elle le fera avec la fibre de verre. C’est au final une forme élémentaire – une non-forme élémentaire, dirait-elle – à la texture grossière, changeante. On retrouve avec cette œuvre la compulsion de Hesse à recouvrir les objets, à les envelopper. Organique, sans vraiment l’être, l’objet s’avère difficile à appréhender, non connoté. L’édition comprend en outre une peinture de David Bradshaw, un enregistrement vinyl de Bruce Nauman, la plaque de plomb roulée de Richard Serra. Keith Sonnier, un des premiers artistes à utiliser pour ses sculptures, à la fin des années soixante, des matériaux industriels mis au rebut et récupérés, propose son Plaster in Satin. La pièce de Alan Saret, un filet de nylon, illustre la poursuite d’un travail de manipulation à partir de matériaux flexibles, amorphes. Fire, de Stephen Kaltenbach, est l’unique pièce de nature conceptuelle, puisque l’œuvre n’est accomplie que lorsque son propriétaire scelle la plaque de bronze dans un trottoir et notifie sa localisation à l’artiste et à l’éditeur. Seven Objects ne se présente pas comme une grammaire du minimalisme. C’est le rapprochement d’œuvres qui proviennent d’un répertoire commun et dont l’exposition permet une mise en perspective de la réinvention des formes et des notions qu’elles réalisent.

 

(La réunion d’un ensemble d’objets dans une boîte soulève diverses questions. Faut-il jouer de leur hétérogénéité? Doit-on privilégier plutôt un jeu d’affinités ? Une pratique sans signe d’appartenance ? Sur un plan conceptuel autre, l’œuvre est-elle réduite à l’objet ? Le dispositif de reproduction ouvre-t-il l’objet à une modification de son statut ? La position exprimée par Oldenburg – «The multiple object for me was the sculptor’s solution to making a print !» – peut-elle être assignée à l’ensemble des contributeurs ? On pourrait craindre également un certain effacement de l’action exécutée sur le matériau par l’artiste, du fait même des conditions de production. On peut se demander enfin si la boîte ne constitue pas elle-même la recherche d’une forme.)

 

Artists and Photographs (1970) est conçu de manière programmatique. Si les artistes pressentis opèrent dans différents champs : land art, earth art, minimalisme, art conceptuel, la boîte, qui combine les fonctions d’exposition et de catalogue, est une exploration des formes diverses, mais non pas divergentes, que prend le medium photographique au sein du travail de chacun des artistes. Le regroupement des œuvres ne consiste pourtant pas à fournir une théorie commune de l’usage photographique. Son enjeu est relativement complexe, mais on peut comprendre les relations qui s’établissent entre chaque pratique (fonction descriptive, informative, critique). Le texte de présentation de Lawrence Alloway sert commodément à les relier, bien qu’il ne s’arrête pas sur leurs implications les plus décisives : modification possible du statut de l’œuvre, variations dans la pratique documentaire, intérêt théorique de la notion de relation.

 

Dans un contexte de plus grande indécision artistique, Do-It-Yourself (1993) se propose sur un mode différent. C’est un kit fonctionnant selon le procédé de l’instruction. Les trois artistes – Jessica Diamond, Sol LeWitt et Lawrence Weiner – y contribuent en soumettant chacun l’idée d’une œuvre à réaliser. La boîte contient les plans, modes d’emploi et matériel nécessaires à son exécution. Le possesseur se retrouve ainsi dans la posture de l’artiste, dans le cadre d’un exercice conceptuel décomplexé. L’œuvre peut évoluer de manière relativement aléatoire, au gré des aptitudes à manier les paramètres de sa construction. La proposition éclaire, une fois encore, la capacité qu’ont les artistes conceptuels à constituer leur corpus dans un champ d’une assez grande ampleur théorique et expérimentale, sans la priver d’un aspect ludique qu’on ne leur reconnaît pas volontiers.

 

Cette complexité cohérente a inspiré depuis plusieurs projets, dont, proches de nous, Cargo Culte (2010) et Image Junky (2010). Le premier, coordonné par Tiphanie et Axelle Blanc, se veut à la fois exposition et revue d’artistes ; le second, réalisé avec la collaboration de Christoph Gossweiler, gestionnaire du Freistilmuseum, dans le cadre d’une édition de la HEAD de Genève, sous la direction de Didier Rittener et Benjamin Stroun, associe une collection de multiples présentés dans une boîte et un journal qui tient lieu de catalogue.

Un contexte historique différent a produit des changements dans la pensée. Les deux propositions tentent d’illustrer, dans leur conception et leur contenu, ce positionnement dans l’histoire et les problématiques artistiques et culturelles qui en découlent : réflexion sur la transmission des faits culturels, sur la circulation des images, question du document pour Cargo Culte ; travail sur la collection et le répertoire d’images, sur le lien entre les pratiques contemporaines et la culture populaire pour Image Junky. Cargo Culte problématise en la déplaçant la question de l’original et de la copie. Parmi les œuvres exposées, certaines sont des multiples issus du coffret, tandis que d’autres en sont des extensions. Toutes les pièces sont montrées indépendamment de leur supposé statut d’original ou de reproduction. Les deux projets permettent de fait diverses possibilités d’activation lors de l’exposition Le réseau des références est, dans les deux cas, disparate, comme pour mettre en évidence l’absence de communauté de formes. On reconnaît pourtant une proximité dans les pratiques, issues d’un travail entamé par l’art minimal et conceptuel : interrogations sur la nature reproductible de l’oeuvre, différentes stratégies d’appropriation du référent, qui perturbent la relation original-copie et révisent la perspective que nous avons du problème de l’origine de l’œuvre. Ces pratiques exigent en outre la prise en compte de la question de la temporalité, qui ne peut être abordée et résolue de manière univoque.

 

(Sur ces questions, une critique récurrente pointe l’insuffisance des distinctions conceptuelles opérées par les artistes. Si elles sont parfois trop faiblement problématisées et non dépourvues d’équivoques, elles ne condamnent pas de s’emparer de thèmes originaux (celui de l’accaparation, parmi d’autres), ni n’oblitèrent la pertinence que prennent certaines formes de réinvention. Faut-il encore que, dans sa convocation du geste d’origine, la reprise soit autre chose que l’acte de mimer, dans le projet même de l’appropriation et de la réinterprétation. L’éloignement vis-à-vis du matériau original – l’inaccoutumance – peut faire défaut, ce qui affecte l’entreprise critique de la réinvention. Or, il s’agit de maintenir la possibilité d’un conflit visible et lisible entre l’original et sa reprise.)

 

Pierre Dourthe

 

 

 

 

4 Taxis

Vue d'exposition partie # 1

   

Seven objects in a box, Tanglewood Press, New York, 1969

 
 

4 Taxis : 1

 

SEVEN OBJECTS IN A BOX / 1969

 

SEVEN OBJECTS IN A BOX/1969 New York : Tanglewood Press, 1er Mai 1969

 

Boîte en bois verni (60,8 x 34,2 x 24,5 cm) contenant sept multiples des artistes suivants :

 

- David Bradshaw : Tears, peinture sur toile 51,5 x 134 cm

 

- Eva Hesse: Enclosed, objet pliable fait a partir de gaze trempée dans une solution de caoutchouc et enveloppant un ballon 28 x 8 x 6 cm

 

- Stephen Kaltenbach: Fire (1968). plaque de bronze. Cette œuvre doit être achevée par le propriétaire de la boîte qui, après l’avoir scellée dans un trottoir doit en notifier la localisation à l’éditeur et à l’artiste. 20 x 9,5 cm

 

- Bruce Nauman: Record. disque vinyle 31,4 x 31,5 cm comportant trois pièces : First violin Film, Violin problem n°2 ; Rhythmic Stamping. Pochette en sérigraphie représentant une photographie de l’artiste extraite de la video « Stamping ». Numéroté et signé.

 

- Allan Saret: Untitled. filet de nylon (8 x 53 x 8 cm environ)

 

- Richard Serra: Rolled, Encased and Saved (1968). plaque de plomb pur roulée et placée dans un tuyau également en plomb; monogrammé à l’intérieur. 8 x 17,5 cm

 

- Keith Sonnier: Plaster in satin. plâtre coulé dans une pièce de satin. 83 x 46 x 13cm

 

Edition de 100 exemplaires numérotés de 1 à 100 et dix exemplaires numérotés de A à J réservés aux artistes et aux collaborateurs.

 

Tanglewood Press publia entre 1965 et 1991 une suite de 13 multiples destinés à faire connaître les nouvelles tendances de l’art : du pop-art (7 object in a box 1966, Ten for Leo Castelli 1967) à l’art conceptuel (9 Pyramids on a 9-Part Grid Sol Lewitt 1991) Multiples Tokyo 1993 p.221

 

 

a box is a box is a box : Cargo Culte dˇtail
 

CARGO CULTE

Revue d’artistes

 

« Les indigènes ne pouvaient pas imaginer le système économique qui se cachait derrière la routine bureaucratique et les étalages des magasins, rien ne laissait croire que les Blancs fabriquaient eux- mêmes leurs marchandises. On ne les voyait pas travailler le métal ni faire les vêtements et les indigènes ne pouvaient pas deviner les procédés industriels permettant de fabriquer ces produits. Tout ce qu’ils voyaient, c’était l’arrivée des navires et des avions. » Peter Lawrence, Road Belong Cargo (Les Cultes du Cargo), Manchester University Press, 1964 / Fayard, 1974

 

Le culte du Cargo désigne à l’origine des rituels très variés propres aux peuplades de Mélanésie et du reste de l’Océanie (à l’exception de la Nouvelle-Calédonie). Initié au XIXe siècle sous l’impact de la missionarisation, il est une expression générique qui désigne les rituels adoptés par les indigènes en réaction à la colonisation, dont le point commun est l’imitation de certains gestes effectués par les occidentaux, telles les parades militaires de l’armée américaine durant la seconde guerre mondiale. Face aux crises et aux ruptures sociales engendrées par le colonialisme, les cultes du Cargo furent des mouvements à la fois d’assimilation, de mutation identitaire et de résistance face aux pratiques et aux valeurs occidentales. Plus largement, le « culte du cargo » est aujourd’hui une expression employée dans différents domaines (l’informatique, la science) pour désigner le phénomène d’appropriation par mimétisme et hors contexte, engendrant incompréhension et réinventions.

 

Cargo Culte entend intégrer cette notion pour mieux la retourner sur elle-même. Il s’agit de s’interroger sur les mécanismes par lesquels l’imaginaire occidental appréhende un ailleurs exotique, et produit des discours et des images comme projections fantasmées d'un autre mythique. Plus largement, Cargo Culte entend mener une réflexion sur la transmission et l’appropriation des faits culturels, sur la circulation des images, et en cela place la question du document, de sa définition et de sa fonction, au cœur du projet.

Les artistes ont été d’abord invités à concevoir chacun un multiple, en relation avec leur réflexion et dans la technique de leur choix. Tous les multiples sont réunis dans un coffret, qui constitue un projet éditorial à part entière, comme le premier numéro d’une revue d’artiste, édité à 25 exemplaires. Fruit des recherches préalables des artistes, le coffret Cargo Culte préside à différentes possibilités de présentation ou d’activation lors de l’exposition, et fonctionne ainsi à la fois comme sa source et sa mémoire.

 

Avec la participation de : Carlotta Bailly-Borg, Guillaume Constantin, Lauren Coullard, Amélie Deschamps, Ann Guillaume, Giulia Grossmann, Mathieu Larnaudie, Aurélien Mole, Guillaume Pilet, Antoine Trapp et Benjamin Valenza. Coordination du projet éditorial et de l’exposition : Tiphanie Blanc Chateigné et Axelle Blanc

 

Cargo Culte dˇtail exposition

Vue d'exposition partie # 2

   
Cargo Culte

 

Cargo Culte Coffret en édition limitée à 25 exemplaires numérotés

 

Liste des multiples :

 

- Matthieu Larnaudie Archipel des parades, 2010 Texte imprimé sur papier A4 Introduction et clé de l’exposition/coffret, le texte de Mathieu Larnaudie (Romancier, essayiste, cofondateur de la revue littéraire Inculte) rejoue, dans son contenu comme sa forme, la notion de Cargo Culte, entendue comme procédé créatif. Le « nous », instance narrative incertaine qui est celle, idéalisée, des Papous, invoque son insoumission à « John » l’Américain et son Cargo, projection subjective d’un événement historique réel, le mouvement cargoiste de John Frum au Vanuatu.

 

- Carlotta Bailly-Borg Sans titre (muflier), 2010 Cube de verre gravé au laser 2 x 2 cm Le muflier tête-de-mort est une plante composée de porte-graines dont la forme est étonnamment proche du crâne humain. Objet de fascination et de fantasmes depuis le moyen-âge, d’une fragilité extrême, cette minuscule tête est modélisée en 3D et transposée dans un matériau pérenne. A la fois objet beau précieux, le cube de verre gravé est aussi un emblème de l’objet populaire cheap, cadeau d’entreprise ou souvenir touristique, et montre ainsi que le sens et la puissance du symbole varient en fonction de son contexte.

 

- Carlotta Bailly-Borg & Amélie Deschamps Sans titre, 2010 Livret format A5 Ce livret documente le voyage des artistes en Finlande en juin 2010 sur les traces de la résurgence du mythe du Kalevala dans la mythologie des groupes de « métal païen ». Regroupant schémas, textes, prises de notes, interviews, images, ce livret forme l'archéologie d’un projet à plusieurs facettes, dont la première réalisation est l’instrument de musique hybride, mi-harpe mi-guitare électrique, présenté lors de l’exposition Cargo Culte. En ce qu’il juxtapose des éléments fondateurs et anecdotiques non hiérarchisés, il est aussi une œuvre à part entière, et fonctionne comme une grille de décodage pour la pièce-instrument.

 

- Guillaume Constantin Map of Tacit, 2010 Polystyrène choc et encre opaque argentée 25 pièces uniques 10,5 x 15 x 1,5 cm En prenant comme point de départ Le tri trattati de Matthia Giegher, un traité sur l'art du pliage des serviette de table de 1639, Map of tacit est aussi un pliage mais reste un objet refermé sur lui-même, un feuillet non-dépliable dont on devine le motif sans pouvoir le saisir complètement, tel une carte sans pays, une réplique sans original ...

 

Lauren Coullard Sans titre, 2010 Etoffes de soie cousues 14 x 18 cm Relique d'un message codé ou symbole identitaire, sémaphore ou étendard, cette pièce fait écho aux modes de transmission et d'échange contemporains. Inspiré de 'A game of War' de Guy Debord, elle génère le conflit et implique un mimétisme comportemental entre deux identités ne pouvant pas communiquer par le langage.

 

- Giulia Grossmann Western Gironde, 2010 Vidéo HDV (7’) Country Dance Gironde, 2010 Vidéo HDV (2’39) Ces deux vidéos relatent les activités d’une association de passionnés du vieil Ouest américain en plein cœur de la Gironde. Sous l’apparente neutralité de l’approche documentaire, le film souligne l’ambiguité des relations entre reenactment et fiction, entre reconstitution, mimétisme et mise en scène d’un Ailleurs fantasmé. Les deux films forment le prototype d’un long-métrage de docu-fiction en préparation.

 

- Ann Guillaume Voyage vers les survivances, 2010 Vidéo diffusée sur cadre numérique, carte postale Voyage vers les Survivances est une recherche, conduite sur le mode archéologique, sur le passage d'Warburg au Nouveau Mexique en 1895. Warburg pensait que les œuvres d’art et les objets de provenances et d’époques différentes laissaient supposer entre eux une histoire. L’enregistrement du temps cherche “à maintenir une analyse bipolaire de l’ancien et du nouveau” comme l’a dit Foucault à propos de l’archéologie. Une carte postale est éditée et entre dans le coffret Cargo Culte, comme ce qui survit à un voyage.

 

Aurélien Mole Sans titre, 2010 Os de bovin découpé Cette pièce de puzzle s’inspire d’un des rares os à partir desquels Benjamin Waterhouse Hawkins a réalisé vers 1850 la sculpture d’un Mégalosaure à échelle 1. Fantasme d'un passé antédiluvien, la sculpture est anatomiquement incorrecte puisque le dinosaure est représenté comme un quadrupède alors qu’il s'agit d'un bipède ancêtre du tyrannosaure. Libre à chacun d'imaginer le squelette dans lequel s'emboite la pièce de puzzle ici présentée.

 

Guillaume Pilet Apichart, 2010 Vidéo Un éléphant raconte avec mélancolie son histoire tragique d’animal de foire, dressé pour peindre toujours et seulement le même motif : un éléphant. Par un simple déguisement, l’artiste se met dans la peau de ces animaux condamnés à vie à la répétition de leur autoportrait, et procède à sa libération symbolique par l’abstraction. Cette performance filmée, où se côtoient l’empathie et le burlesque, invite à la réflexion sur la déperdition et la transgression à l’œuvre dans tout procédé mimétique.

 

- Antoine Trapp Planète Lowell, 2010 impressions noir et blanc sur papier photo, papier crystal Planète Lowell est un collage précaire de deux reproductions de documents : la couverture d'un numéro de la revue Planète et un dessin de Percival Lowell esquissant d'improbables canaux martiens d'après ses observations erronées au travers des lentilles d'un télescope sale...ou quand la surface des choses nous conforte dans notre propre vision du monde.

 

- Benjamin Valenza Stone Litany, by the Ephemeral Cosmogony, 2010 Disque vinyle 45t monoface, impressions numériques sur papier Extrait de l’album éponyme the Ephemeral Cosmogony, à paraître Une liste exhaustive de toutes les "roches" existantes sur terre est récitée par une voix synthétique, sur une musique lente et répétitive dite « chaingang song », supposée être une des origines du hip-hop. Cette litanie (liste chantée) sur une musique proto-minimale, associée à son texte et à des images de différents états de la pierre, donnent les indices d’une liturgie en construction.éhension et réinventions.

 

a box is a box is a box : Cargo Culte détail
 

DO-IT-YOURSELF

JESSICA DIAMOND/SOL LEWITT/LAWRENCE WEINER

 

Le kit DO-IT-YOURSELF contient : papier, crayon, pochoir, diagramme transparent, et instructions complètes pour 1 JESSICA DIAMOND, 1 SOL LEWITT, et 1 LAWRENCE WEINER. Non sans humour, DO-IT-YOURSELF capture l’essence de l’art conceptuel. Chaque artiste propose un concept et laisse au collectionneur le soin de le réaliser. En sélectionnant trois artistes de générations successives, le projet met l’accent sur la continuité et la force du mouvement. Les éléments de DO-IT-YOURSELF sont contenus dans une boîte recouverte de toile noire de dimensions 32 x 28,2 x 3 cm. L’étiquette, les diagrammes et les feuilles d’instructions sont imprimés en typographie sur papier Folio par Anne Noonan de Soho Letterpress, NYC. Design de Dan Miller Design, NYC. Publié par I.C. Editions à New York en décembre 1993. Edition non numérotée + une édition de 125 exemplaires signés.

 
a box is a box is a box : Image Junky vue d'exposition dˇtail
   

Image Junky
Leila Amacker, Emmanuelle Antille, Estelle Balet, Jérémie Baud, Francis Baudevin, Céline Burnand, Valentin Carron, Marylaure Décurnex, Sylvie Fleury, Le Freistilmuseum, Jérémie Gindre, Nelly Haliti, Pablo Hurtado, François Kohler, Beat Lippert, Jelena Martinovic, Damián Navarro, Denis Savary, Bruno Serralongue et Claude-Hubert Tatot. Image Junky est un projet d’édition initié au sein de la Haute école d’art et de design – Genève (Head) qui s’intéresse aux diverses formes de collections d’images constituées par les artistes. Récoltées au fil des années dans des greniers, des magazines ou sur Internet et classées selon des systèmes propres à chaque artiste, ces images et leur gestion semblent être essentielles à l’élaboration de très nombreuses pratiques contemporaines.

Le projet Image Junky rassemble les éditions de 18 artistes invités et d’étudiant-e-s de la Head – Genève, complétées par un journal. Il a été réalisé dans le cadre d’un atelier de l’option peinture/dessin de la Head – Genève, constitué d’un groupe éditorial d’étudiant-e-s (Lorenza Antongnini, Aude Barrio, Céline Burnand, Anne-Sophie Estopey, Jean-Philippe Volonter) et animé par les artistes et professeurs Didier Rittener et Benjamin Stroun. Image Junky a été élaboré en collaboration avec l’artiste Christoph Gossweiler, co-fondateur du Freistilmuseum (Musée du style libre), vaste collection d’images et d’objets prélevés dans le champ élargi de la culture et dont l’unique vocation est de servir de support à des interventions dans le cadre d’expositions.

Editions
Cette boîte, deuxième parution de la collection Tohu-Bohu, est éditée à 150 exemplaires par la Head – Genève. 100 exemplaires sont numérotés de 1/100 à 100/100, 50 exemplaires hors commerce sont numérotés de I/L à L/L.

Le journal
Le journal présente un aperçu des collections du Freistilmuseum ainsi que des images des artistes en noir et blanc. Il est complété par un poster couleur recto verso fait de deux reproductions d’une sélection de la collection de photographies de Claude-Hubert Tatot, Les photos des autres (toutes). Conception et réalisation : Roger Gaillard, Cédric Paquotte, Farah Zeghida, étudiant-e-s en Communication visuelle. Sous la direction pédagogique de Laurent Kuhni et de Helge Reumann, enseignants en Communication visuelle. Suivi de projet : Aline Peter, assistante.