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Bag Book Back

« Quelques réflexions (im)personnelles

Il y a de cela plusieurs années, Maurizio Nannucci (moi-même) a édité un sac en papier rouge, jaune et bleu sur lequel est imprimée la phrase « There’s no reason to believe that art exists » [« Il n’y a pas de raison de croire que l’art existe »]. Il considérait le projet Bag Book Back comme une sorte de réseau ouvert, un parcours destiné à devenir un livre, et se mit en conséquence à photographier des personnes munies du sac dans diverses villes et divers pays. Parallèlement, il envoya ce sac à des amis tout autour du monde : « S’il vous plaît, emportez-le dans vos déplacements. Laissez ce message voyager avec vous et prenez des photos où et quand bon vous semble. Mais n’oubliez pas de m’envoyer les photos ! » Libéré des contraintes inhérentes à l’œuvre d’art, le sac, objet fonctionnel, déserta les voies habituelles de la distribution artistique et fit son chemin dans de multiples directions. Toutes les images montrant des amis avec leur sac constituent les coordonnées d’une carte par laquelle Nannucci (moi-même) définit un champ d’interaction sociale. Avec le projet Bag Book Back, l’artiste (moi-même) circonscrit son propre réseau global : il relie des personnes, des lieux, des situations, et suscite un jeu de relations entre le système de l’art et un large éventail de spectateurs pour qui la mise en circulation de cet objet éphémère est un moyen inhabituel de réfléchir aux idées, aux visions qui font l’art contemporain. Qu’est-ce qui circule avec ce projet ? À l’évidence, une forme d’échange aléatoire entre la conception de l’artiste et les circonstances imprévisibles de sa mise en œuvre, ainsi que la décision de Nannucci (moi-même) consistant à déléguer l’avancement du projet, de même que sa documentation, et à faire de ses amis ses collaborateurs. Les photos montrent que la ville est le principal contexte d’apparition du sac : dans la rue, dans des magasins, devant des immeubles ou des monuments, dans des ports, des gares ou des aéroports. De là, le message gagne la périphérie, loin des espaces dévolus à l’art. Depuis le début du projet, il oscille entre le proche et le lointain : il se répand à Florence, part à Sydney ou à New York, fait un saut à Rome avant de rejoindre Paris ou Vancouver… Et ainsi à l’infini. Personne ne peut savoir quand s’arrêtera le voyage planétaire de cette action. Mais tous ceux qui acceptent le don de Nannucci (moi-même) deviennent complices de sa stratégie, et tous ceux qui arpentent les rues avec le sac sont partie prenantes de cette contradiction : « Il n’y a pas de raison de croire que l’art existe. » L’existence de l’art devient une question, mais celle-ci trouve dans le même temps sa réponse : l’art peut être partout, visible même là ou personne ne s’attend à le rencontrer. »